La genèse du projet
Au début des années 2010, la délégation ADEME Réunion a évalué le marché du tertiaire commercial à la Réunion : ce secteur représente 21 % de la consommation du secteur tertiaire répartis sur 45 magasins Grandes et Moyennes Surfaces de l’île (GMS, Grande distribution), soient 244 GWh/an d’électricité consommée, répartis sur 45 sites.
Ces bâtiments disposent tous du même type d’équipements (éclairage, production frigorifique, production climatique) et de fait ont une consommation énergétique traçable.
Lors de cette évaluation, l’ADEME a défini, en collaboration avec le bureau d’études Optinergie, un indicateur de l’efficacité énergétique des hypermarchés adapté au contexte climatique de l’Ile et à la charge des sites qui se décompose comme indiqué sur l’image ci-dessous. Pour classer les 45 GMS, le bureau d’études a effectué les relèves d’information manuellement avec son propre matériel et les a compilés dans un simple logiciel de tableur.
Les représentants de TEEO et d’Optinergie ont proposé à l’ADEME et au Conseil régional de développer une solution de collecte automatisée des informations énergétiques adaptée au secteur de la grande distribution à La Réunion, et à destination de ces décideurs.
Les objectifs du projet SEGA (Signature Energétique pour une Gestion Automatisée)
Le projet SEGA proposait de :
- communiquer et impliquer les utilisateurs finaux pour changer les comportements et investir dans les actions de maîtrise de l’énergie opérantes rapidement ;
- promouvoir l’image de l’entreprise à travers l’inscription dans une procédure reconnue (ADEME) permettant de valider la démarche environnementale choisie et de consolider l’indicateur d’efficacité énergétique retenue ;
- utiliser les TIC comme passerelle d’accès à la gestion de l’énergie (vers l’lSO 50001) pour l’entreprise ; la mesure est le fondement de tout système de gestion de l’énergie et la mise en place d’un Système d’Information est la première étape à réaliser pour aborder l’efficacité énergétique.
Il faut rappeler, que l’énergie est le deuxième poste de charges des sites de GMS (500 000 euros/site en moyenne pour un site de 4 000 m² de surface de vente). Il représente le second poste de charges après le personnel.
Le projet SEGA a permis de mettre en place un réseau de la performance énergétique animé par l’ADEME Réunion :
- édition d’un cumul glissant transmis tous les mois au site – permettant de se situer mois par mois (ratio énergétique global et par poste ramené à l’indicateur d’activité et/ou à l’incidence) ;
- édition d’un classement avec des explications recensant : « le top 3 » des magasins les plus efficaces énergétiquement, « le flop 3 » des magasins les moins efficaces, la meilleure progression, la plus forte régression, un classement par localité (Nord, Sud, Est, Ouest), un classement par surface de vente (< 2 000 m², > 2 000 m², etc.), etc.
- édition d’un cumul glissant transmis tous les mois au site – permettant de se situer mois par mois (ratio énergétique global et par poste ramené à l’indicateur d’activité et/ou à l’incidence) ;
- édition d’un classement avec des explications recensant : « le top 3 » des magasins les plus efficaces énergétiquement, « le flop 3 » des magasins les moins efficaces, la meilleure progression, la plus forte régression, un classement par localité (Nord, Sud, Est, Ouest), un classement par surface de vente (< 2 000 m², > 2 000 m², etc.), etc.
Pour se faire, SEGA se décompose comme suit :
- 1 composante TIC développée autour de l’application (volet SMART SIME, développé pat TEEO)
- 1 composante « ingénierie » : dépouillement, extraction de données, recherche de corrélation sur les postes mesurées, etc. (volet ingénierie développé par Optinergie)
TEEO a donc créé un système de management de l’énergie pour gérer cet actif de l’entreprise : la solution SMART SIME (Système d’Information du Management de l’Energie). Elle permet d’agréger les données du terrain (dont seuls les techniciens et les ingénieurs ont habituellement connaissance), pour les transmettre dans un format intelligible aux décideurs.
Les données agrégées sont :
- le comptage électrique global ;
- le comptage électrique du froid ;
- le comptage éclairage ;
- le comptage climatisation/ventilation ;
- les données climatiques de chaque site.
La collecte de données automatisée via l’installation d’un système de capteurs/compteurs sans fils qui transmettent par ondes radios à une « TEEO box » le relevé de chaque poste de consommation énergétique. Ces données sont compilées puis transmises aux clients par Internet grâce à plusieurs moyens, tel qu’une interface web ou une application mobile ergonomique et simple d’utilisation et de compréhension.
Cette approche sectorielle permet de comparer des sites de même fonction (GMS) entre eux, des postes énergétiques entre eux, et ceux suivant leur gabarit, leur activité (zone de produits secs, linéaire de meubles froid positifs, etc.) et leur situation climatique s’inscrit ainsi dans des démarches :
- collectives (ensemble d’entreprises / bâtiments / installations de même nature) ;
- de normalisation de la consommation (définition d’un référentiel MDE par type d’installation) ;
- de management de l’amélioration par l’usage.
La vocation du projet SEGA
Avec l’installation des box et des capteurs et à la mise en place du nouveau logiciel de comptabilité énergétique, les gestionnaires de GMS peuvent obtenir la signature énergétique de leur infrastructure en temps réel. A chaque instant, le gestionnaire du bâtiment est en mesure de consulter sur une interface web personnalisée les mesures des consommations énergétiques par poste, de suivre leur évolution et il peut ainsi savoir quels postes de consommation sur lesquels concentrer les efforts d’efficacité énergétique, notamment en se comparant aux autres GMS.
Sur l’île de La réunion, 18 magasins sont déjà engagés dans cette démarche. Le groupe Leclerc et le groupe Bernard Hayot (enseigne Carrefour) ont décidé de rejoindre la communauté. Cette automatisation des relevés de données énergétiques peut être dupliquée auprès des GMS présentes en métropole.
Le programme a duré 2 ans. La première année était consacrée au déploiement matériel, à la création des indicateurs, à leur analyse. La seconde a consisté à valider les indicateurs performants, à en déterminer les seuils critiques, et à animer le réseau afin que les décideurs de chaque site puissent superviser efficacement leurs sites.