Conférence annuelle de l’AEE : Gouvernance et transition énergétique, deux réponses clés de la réponse à la crise de l’énergie
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Le 1er décembre s’est tenue la conférence annuelle de l’Association des Economistes de l’Energie dont la CRE est membre institutionnel. Le thème retenu était les conséquences de la guerre en Ukraine sur le secteur de l’énergie, abordé sous trois angles : la dimension mondiale des conséquences du conflit, les stratégies qui permettraient à l’Europe de concevoir son avenir énergétique sans la Russie et, enfin, les effets économiques de la crise en Europe. La conférence a réuni des universitaires, des représentants de la Commission européenne, de l’Agence internationale de l’énergie, de think tanks, de l’industrie et d’institutions publiques. La CRE était représentée par Emmanuelle Wargon, Présidente, Claire Hellich-Praquin, directrice des relations internationales, des affaires européennes et de la coopération, et Benoît Esnault, chef du département interconnexions et réseaux européens.
Dans son allocution d’ouverture, Emmanuelle Wargon a insisté sur la nécessaire dimension européenne des réponses à la crise. C’est par l’action collective que l’UE pourra faire face, comme l’illustre la nouvelle solidarité gazière franco-allemande. La transition énergétique doit devenir l’horizon commun, elle permettra de s’affranchir de la dépendance par rapport à la Russie et de maîtriser le coût de l’énergie. L’Europe engage la réforme de l’organisation de son marché de l’énergie, celle-ci doit concilier des prix de gros rémunérateurs pour les producteurs et la protection des consommateurs.
Le premier enseignement est que les effets de la crise issue du conflit se sont fait sentir bien au-delà du Vieux continent, la défense de la sécurité d’approvisionnement gazière européenne a pu mettre en difficulté des zones moins prospères par son effet sur les prix. Pour autant, l’Europe subit probablement la crise énergétique la plus grave de son histoire. Deuxième enseignement, se passer de la Russie est complexe. Il faudra rééquilibrer les rapports avec les partenaires énergétiques de l’Europe, à commencer par les Etats-Unis et la Norvège. Il s’agira ensuite de réfléchir aux solidarités européennes autour des ressources rares et de la protection de l’industrie. Accélérer la transition énergétique est une piste à privilégier. Troisième enseignement, la crise ne touche pas tout le monde de la même manière. Les conséquences économiques pour les consommateurs sont inquiétantes, elles font planer la menace de nouvelles délocalisations industrielles. Les collectivités locales souffrent également beaucoup de la crise, leur capacité à mener à bien certaines de leurs missions est en danger. Les réponses sont multiples, elles se trouvent notamment au niveau de la fiscalité et de la gouvernance.
Dans son intervention, Claire Hellich-Praquin a montré toute la diversité des mesures mises en œuvre par les pays de l’UE, avec des différences marquées entre les pays du sud, qui sont intervenus dès 2021 pour protéger les consommateurs, et les pays du nord qui ont, dans un premier temps, préféré le laisser faire. Dans l’ensemble, les Etats membres ont fortement réagi pour protéger les consommateurs via des subventions et le retour de tarifs réglementés de vente. Benoît Esnault a présenté les résultats d’une étude menée dans le cadre de MEDREG montrant d’une part le contraste entre pays méditerranéens selon leur dépendance aux importations d’énergie, et d’autre part l’ampleur des conséquences de l’augmentation des prix pour les pays hors de l’UE.
Laurent Michel, directeur de l’énergie et du changement climatique au Ministère de la transition écologique a clos les échanges en expliquant les conséquences de la crise en France et la manière dont les pouvoirs publics sont mobilisés. Il a notamment évoqué les difficultés des mesures politiques à cibler le bon public. De nombreux chantiers législatifs sont ouverts en Europe, le défi est de parvenir à des mesures efficaces qui puissent faire consensus, sachant que les décisions doivent être prises dans l’urgence.