Futurs énergétiques 2050
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Le 25 octobre dernier, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité, RTE, a présenté son étude prospective intitulée « Futurs énergétiques 2050 » exposant à cet horizon différents scénarios de consommation électrique et différents mix de production électrique possibles.
Une étude élaborée avec l’ensemble des acteurs du secteur
Le secteur de l’énergie a une spécificité forte, les décisions doivent être anticipées très en amont et leurs conséquences perdurent pendant des dizaines d’années. Être au rendez-vous pour lutter contre le réchauffement climatique à l’horizon 2050, c’est pour l’énergie, prendre des décisions importantes dans les toutes prochaines années.
Ainsi, à la demande du Gouvernement et dans le cadre de ses missions légales de prospective, RTE a débuté en 2019 une étude visant à donner aux pouvoirs publics et à la société civile, des éléments factuels pour réfléchir à l’avenir du système énergétique français.
Cette étude est le fruit d’un travail collectif. Au-delà des équipes de RTE, plusieurs groupes de travail composés des acteurs industriels du secteur, des associations, d’ONG, d’économistes, des représentants de l’Etat ont été mis en place et près de 4 000 contributions écrites ont été reçues. La CRE a participé aux travaux dans ses domaines de compétence.
Si la consommation d’énergie doit baisser celle de l’électricité augmentera…
Tous les scénarios présentés par RTE ne dérogent pas à deux postulats : l’atteinte de la neutralité carbone en 2050 et la garantie de la sécurité d’approvisionnement.
Avec ces deux impératifs, le premier constat de l’étude est clair : la consommation d’énergie doit diminuer de 40% en 2050. Notre consommation passera ainsi de 1600 TWh à 930 TWh. La principale raison ? La fin de la consommation des énergies fossiles qui représentent encore aujourd’hui 60% de notre consommation.
Réussir à se passer d’énergies fossiles nécessitera le développement de trois piliers :
- L’efficacité énergétique
- L’utilisation plus importante de la biomasse
- L’électrification des usages
Ce dernier point est essentiel. La consommation d’électricité devrait augmenter, selon le scénario référence de RTE, pour atteindre 645 TWh (449 TWh en 2020). En effet, de nombreux usages, fonctionnement actuellement avec des énergies fossiles, s’électrifieront dans le futur : chauffage, voitures électriques, procédés industriels.
RTE a également étudié deux autres scénarios de consommation électrique. Un scénario « sobriété » qui prévoit moins de déplacements individuels, une moindre consommation des biens matériaux, une diminution du chauffage et le recours accru au télétravail. Dans ce scénario la consommation électrique serait de 554 TWh. Un autre scénario « réindustrialisation » envisage une consommation supérieure à 752 TWh principalement due à l’augmentation de la part de l’industrie dans le PIB français. Ce scénario, s’il consomme plus, permet une réduction plus importante des émissions de gaz à effet de serre.
Quel mix de production électrique en 2050 ?
Pour accompagner cette augmentation de la consommation d’électricité, le mix de production français devra faire face à deux défis majeurs : augmenter ses capacités de production décarbonée et anticiper la fermeture des réacteurs nucléaires historiques (l’âge moyen du parc nucléaire est de 36 ans).
Dans cette étude RTE propose six scénarios distincts : un scénario prévoyant un mix électrique 100% énergies renouvelables en 2050 ; deux scénarios qui prévoient une part d’énergies renouvelables identique mais à horizon 2060, soit en s’appuyant sur une présence diffuse de l’éolien et du solaire, soit en se concentrant majoritairement sur de grands parcs éoliens terrestres et maritimes ; et trois scénarios conservant une part plus ou moins importante d’énergie nucléaire. Au-delà d’une préférence pour tel ou tel mix sur laquelle la CRE n’a pas à se prononcer, l’étude fait plusieurs constats inhérents à tous les scénarios :
- Le développement massif de toutes les énergies renouvelables est indispensable pour atteindre la neutralité carbone. Dans le scénario comportant le plus d’énergie nucléaire, la France devra avoir en 2050 30 grands parcs d’éoliennes en mer et accroître sa capacité installée d’éoliennes terrestres par 2,5 et de panneaux photovoltaïques par 7.
- L’artificialisation des sols n’est pas le principal sujet. L’éolien occuperait entre 1 et 3% du territoire selon les scénarios et le solaire entre 0,1 et 0,3%. Les enjeux majeurs restent l’acceptabilité et l’accélération et la simplification des procédures administratives.
- L’hydrogène décarboné doit principalement servir à décarboner les procédés industriels et la mobilité lourde.
- Les réseaux de distribution et de transport devront être redimensionnés pour raccorder les installations productrices d’énergies renouvelables, qui contrairement à la localisation plus centralisée des moyens de production actuels, seront présentes sur l’ensemble du territoire.
- La neutralité carbone est atteignable à un coût maîtrisé. En moyenne, les coûts du système électrique augmenteront de 15% d’ici 2050. Le coût ne présage en rien l’évolution des factures pour les consommateurs qui dépendent de plusieurs autres facteurs et notamment de la fiscalité.