Intervention d’Emmanuelle Wargon au Congrès annuel de France Gaz
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Le 19 septembre dernier, à l’occasion du congrès annuel de l’association France Gaz, la présidente de la Commission de régulation de l’énergie, Emmanuelle Wargon, est intervenue pour partager le regard du régulateur sur l’avenir du gaz et des infrastructures gazières.
Avant d’aborder cette vision prospective, ses premiers mots ont été pour l’approvisionnement gazier cet hiver. En effet, lors de sa première intervention au congrès de France Gaz, à son arrivée à la CRE en septembre 2022, tous les esprits étaient occupés par le contexte hivernal. Or au début de l’automne 2023, les préoccupations sont moindres : les stockages de gaz sont remplis à des niveaux très élevés (plus de 97%), le terminal méthanier flottant du Havre est en service depuis le 26/10, les capacités d’échanges ont été renforcées avec nos voisins allemands et espagnols et surtout, les efforts de sobriété se sont poursuivis au printemps et pendant la période estivale, permettant des économies de gaz non négligeables. Ce dernier point est la clé de voûte de l’équilibre gazier offre-demande dans les prochains mois.
A horizon un peu plus lointain, la présidente de la CRE a rappelé que le système gazier allait connaître de profondes évolutions. Le premier sujet est celui de la production. La CRE estime que le mix énergétique le plus à même de nous faire atteindre la neutralité carbone dans les temps est un mix qui favorise la complémentarité des énergies, à condition évidemment que ces dernières soient décarbonées. Le gaz naturel aujourd’hui utilisé devra donc être substitué, pour les usages difficilement électrifiables, par des gaz verts produits sur le territoire national. La CRE joue déjà un rôle essentiel dans les dispositifs de soutien au développement du biométhane, principale filière mature à date, en validant les zonages de raccordement pour favoriser l’optimum technico-économique et la visibilité dans les territoires. Elle a expliqué notamment le bon calibrage des soutiens publics tout en accompagnant l’essor de deux nouvelles mesures qui seront mises en place prochainement : les appels d’offres pour les grandes installations qui produiront annuellement plus de 25 GWh et les certificats de biométhane.
Le deuxième enjeu développé par Emmanuelle Wargon a été celui de l’évolution de la consommation et de ses conséquences sur les réseaux gaziers. Dans tous les scénarii, en 2050, la consommation de gaz aura diminué en France, de moitié dans les scénarii hauts, par quatre dans les scénarii bas. Pour autant, les réseaux gaziers demeureront largement essentiels et une étude réalisée par la CRE au printemps dernier sur ce sujet n’estime que de 3 à 5% les canalisations qui pourraient être libérables. Ce paradoxe a pour conséquence un effet de ciseau tarifaire que le régulateur doit prendre en compte dès à présent. En effet, les coûts des infrastructures ne baisseront pas dans les mêmes proportions que la baisse de la consommation. Sans anticiper, les tarifs des réseaux gaziers deviendraient très élevés et reposeraient sur un nombre réduit de consommateur entrainant dans un effet spiral une baisse encore plus importante de la consommation de gaz. La CRE réfléchit donc avec les acteurs concernés, dans le cadre des tarifs des réseaux pour les années 2024-2027, à anticiper cet effet ciseau.
La présidente a également approfondi la position de la CRE au sujet de l’hydrogène. Entre le modèle localisé, qui est développé en priorité en France, et le modèle basé sur les infrastructures de transport, il n’existe pas un mur imperméable. Ces deux modèles pourraient être complémentaires à l’avenir en fonction des besoins identifiés pour le vecteur hydrogène. Dans ce cadre, si des infrastructures de transport venaient à se développer, la CRE estime qu’il serait logique, compte-tenu des similitudes avec les infrastructures gazières et de son expérience, qu’elle les régule.
Enfin, Emmanuelle Wargon a réaffirmé la mobilisation de la CRE pour accompagner les évolutions du système gazier avec tous ses acteurs et a appelé à l’anticipation en concluant avec une citation de Raymond Aron : « Quand les Hommes ne choisissent pas, les évènements choisissent pour eux ».
A revoir sur : https://www.youtube.com/watch?v=63KW8dcl0Fs