Faut-il envisager l’avenir comme une perpétuelle accumulation de crises qui s’agrègent et se répondent ou faut-il y voir la possibilité d’améliorer un système, qui a permis, certes de grandes avancées sociales, technologiques, scientifiques, mais qui fait peut-être aujourd’hui la démonstration de ses limites ?
Pour ma part, à l’heure d’écrire mes premiers mots dans notre newsletter de la CRE, je suis convaincu que ces crises successives, qu’elles soient, sanitaires, géopolitiques ou énergétiques, vont servir, au mieux de révélateur pour certains, idéalement d’accélérateur pour nous tous.
En matière d’énergie, les bouleversements qui se sont présentés successivement à nous, ont nécessité de la part de tous les acteurs de l’écosystème énergétique Français et Européen une flexibilité et une capacité d’adaptation de tous les instants.
Entre autres, les dispositifs nécessaires de protection, comme le « Bouclier tarifaire, l’amortisseur », nous ont imposé une mobilisation et une réactivité exemplaire, une gestion de l’urgence agrégée aux missions plus conventionnelles de la Commission de régulation de l’énergie.
Et là où le régulateur a fait la démonstration de ses capacités opérationnelles face à l’intensité de la crise énergétique, il me parait évident que les ressources et les compétences de la CRE seront mobilisées pour répondre à un autre enjeu majeur, non plus conjoncturel mais bien structurel à savoir : adapter l’ensemble du système énergétique et ses mécanismes à l’enjeu climatique.
En effet, les défis qui se présentent à nous sont immenses, et vont générer des changements sociétaux, et économiques importants : une plus grande sobriété, la substitution des 60% d’énergies fossiles que nous consommons par des énergies décarbonées, une indépendance énergétique solide, avec des mécanismes européens plus solidaires… et tout ceci en moins de 30 ans !
Cette accélération écologique et énergétique nécessite « une mobilisation générale dans l’intérêt général », et elle se joue à l’échelle européenne, à l’échelle nationale, mais surtout pour être comprise et partagée, à l’échelle des territoires.
Là encore, la Commission de régulation de l’énergie a une parfaite légitimité pour accompagner cette accélération, notamment en favorisant les mécanismes de soutien public aux productions décarbonées ENR, gaz renouvelable et nucléaire, en adaptant les réseaux en lien avec les gestionnaires, en accompagnant la décarbonation des zones industrielles, en permettant et en soutenant l’innovation et l’expérimentation sur le continent comme dans les zones non interconnectées.
En conclusion, je voulais partager au travers de cet édito, mon enthousiasme à pouvoir vivre ce moment historique pour notre système énergétique au sein de cette prestigieuse autorité de régulation, et de pouvoir contribuer modestement à apporter des réponses concrètes et opérationnelles face aux enjeux qui se présentent à nous et qui nous obligent.
Anthony Cellier, membre du Collège de la CRE