Hausse des prix pour l’hiver prochain : la CRE interroge les acteurs de marché sur leurs stratégies et leurs anticipations
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Les prix à terme de l’électricité pour l’hiver 2022-2023 connaissent une hausse record en Europe, qui s’est accélérée fortement depuis mi-juin 2022 et particulièrement en France. Cette situation reflète la conjonction de deux crises d’une ampleur inédite, qui affectent le secteur énergétique européen et français depuis le deuxième semestre 2021 :
- la première concerne la sécurité européenne pour son approvisionnement en gaz pour l’hiver 2022-2023, du fait des aléas de livraison d’un de ses, voire de son principal fournisseur, Gazprom. Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la menace d’un arrêt complet des importations de gaz russe pèse directement sur les marchés. L’accélération récente des prix à terme du gaz s’explique par la crainte de voir l’Europe faire face à des pénuries cet hiver.
- la seconde concerne plus directement la France du fait de l’état de son parc nucléaire, affecté par l’arrêt de nombreux réacteurs. La découverte de phénomènes de corrosion sous contrainte fin 2021, qui s’ajoute à un calendrier des maintenances déjà très chargé, a conduit à de nombreuses mises à l’arrêt. EDF doit réaliser des mesures de contrôles et de réparations supplémentaires et inédites, ce qui génère une plus grande incertitude sur sa capacité à remettre en service les centrales concernées avant l’hiver.
Les prix du gaz entrant directement dans la formation du prix de l’électricité, ses prix à terme (4ème trimestre 2022 et 1er trimestre 2023 en particulier), se sont encore fortement tendus en Europe.
- Alors même que la France, grâce à ses approvisionnements plus diversifiés, bénéficie, sur le marché de gros, d’un prix du gaz parmi les plus bas d’Europe, et même très inférieur à celui de l’Allemagne, les prix de l’électricité à terme sur le marché français, sont supérieurs au reste de l’Europe, affichant même un écart historique avec les prix allemands.
- Ainsi, le produit annuel 2023 français, très important pour la formation des prix sur le marché de détail, est directement touché par la hausse des prix du 1er trimestre 2023 et est passé de 289,5 €/MWh à 458,5 €/MWh (+ 58 %) entre le 13 juin et le 8 juillet 2022.
La CRE constate que le niveau atteint par les prix de l’électricité à terme en France ne correspond plus à une anticipation moyenne des prix spot telle que modélisée historiquement.
En particulier, le nombre d’heures d’atteinte du plafond de prix sur les enchères journalières pendant l’hiver 2022-2023 induit par ces niveaux de prix à terme, serait d’environ 200 heures par trimestre dans le cadre d’une modélisation standard, ce qui correspond à un scénario extrême. Un tel prix et de tels écarts reflèteraient donc la crainte des marchés quant au risque d’un déséquilibre offre/demande sur les marchés de l’électricité en France cet hiver. Les prochaines analyses prévisionnelles de RTE, dans le cadre du « passage de l’hiver », devraient permettre de préciser les scénarios de tension sur les réseaux.
Dans ce contexte, la CRE, qui a renforcé sa surveillance du marché de gros français depuis le second semestre 2021, n’a pas observé à ce jour de comportement susceptible de relever de la manipulation de marché sur les prix à terme de l’électricité. La CRE continuera sa surveillance renforcée.
Au vu du caractère exceptionnel de la situation et du caractère très élevé des prix observés par rapport à des modélisations historiques, la CRE interrogera formellement les acteurs de marché sur leurs stratégies et leurs anticipations pour l’hiver à venir.
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