La CRE publie un rapport d’analyse portant sur trente démonstrateurs de réseaux intelligents (Smart Grids), réalisés en France pour accompagner la transition énergétique. Ce document présente certains projets dont les résultats justifient une généralisation immédiate. Pour d'autres projets, l'expérience acquise reste partielle, ne permettant pas de tirer pleinement les conclusions des expérimentations. Il émet enfin de nouvelles recommandations pour accélérer leur déploiement et renforcer leur impact sur le système énergétique.
Les réseaux électriques et gaziers jouent un rôle clé dans l’objectif d’atteindre la neutralité carbone à horizon 2050. Les réseaux électriques doivent intégrer des volumes croissants d’énergies renouvelables (ENR), s’adapter à de nouveaux usages comme la mobilité électrique, et répondre à une hausse de la demande tout en garantissant une qualité de service élevée. De leur côté, les réseaux gaziers doivent à la fois accueillir une production locale de gaz vert et composer avec une diminution de la consommation globale.
Face à ces défis, la CRE accompagne le développement des réseaux intelligents. Ceux-ci reposent sur des solutions technologiques innovantes et visent par exemple à accélérer les raccordements et l’insertion des EnR. L’objectif est également de limiter les investissements tout en maintenant une qualité de service élevée. Le rapport publié s’inscrit dans cette logique et se veut une synthèse des enseignements tirés des démonstrateurs déployés ces dernières années.
Des démonstrateurs réussis à industrialiser au plus vite
Les projets analysés montrent la faisabilité technique de plusieurs démonstrateurs ainsi que leur pertinence économique. La CRE recommande en conséquence d’accélérer le déploiement de ces solutions.
Parmi ces innovations, les dispositifs visant à faciliter l’intégration de la mobilité électrique, comme le démonstrateur aVEnir, associent infrastructures de recharge et solutions de pilotage pour offrir une flexibilité accrue au réseau. Ces initiatives illustrent le rôle clé des infrastructures de recharge dans la décarbonation des transports, un levier essentiel pour atteindre les objectifs climatiques.
D’autres projets, tels que MAESTRO ou GAC, démontrent l’efficacité des mécanismes de flexibilité reposant sur l’engagement des usagers (ballons d’eau chaude ou recharge des véhicules électriques). La CRE appelle à intégrer ces mécanismes de manière systématique dans la planification et l’exploitation des réseaux, en favorisant des cadres contractuels adaptés.
Ces dernières années, de nombreux démonstrateurs ont porté sur l'optimisation des réseaux, dont certains sont désormais généralisés, comme les automates NAZA ou le Dynamic Line Rating chez RTE et les logiciels de maintenance prédictive chez Enedis. Toutefois, les récents démonstrateurs n'ont pas apporté de nouveaux enseignements significatifs depuis 2022.
Enfin, des initiatives comme le projet FLORES de GRDF ont démontré la pertinence de solutions de stockage temporaire pour surmonter les congestions liées à l’injection de biométhane. Lorsque ces solutions s’avèrent plus économiques que les renforcements structurels, la CRE recommande leur utilisation.
Améliorer le retour d’expérience
Plusieurs projets ont prouvé leur pertinence technique mais pas leur efficacité économique.
A cet égard, la CRE souligne un manque persistant dans le suivi économique par les gestionnaires de réseaux des expérimentations menées. Une analyse coûts-bénéfices systématique et une transparence accrue sont nécessaires pour avoir des retours d’expérience complets et ainsi orienter les décisions futures.
La CRE réaffirme le rôle stratégique des gestionnaires de réseaux dans l’adaptation des infrastructures aux défis de la transition énergétique. Ces acteurs doivent poursuivre leurs efforts pour intégrer des solutions numériques et exploiter les innovations technologiques à grande échelle. L’industrialisation rapide des solutions ayant fait leurs preuves sera déterminante pour réduire les coûts tout en garantissant une qualité de service élevée.