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Edito de Valérie Plagnol
Membre du collège de la CRE
 
Connaissez-vous Richard CANTILLON  ? Ce banquier d’origine irlandaise du début du XVIIème siècle, est considéré comme un des maîtres à penser des physiocrates et de l’école classique d’Adam SMITH(1).

Economiste, spéculateur, un peu aventurier, il fut l’un des premiers penseurs des Lumières à considérer les mécanismes économiques dans leur ensemble(2).
 
Partant de son observation du commerce, Richard CANTILLON énonce que toute injection de monnaie provoque une hausse des prix des biens demandés, qui se propage de proche en proche dans l’ensemble de l’économie d’un pays. On parle ainsi d’ « effet Cantillon ».
L’abondance ou la rareté d’une monnaie, mais également sa vitesse de circulation, déterminent ainsi le niveau d’inflation, une idée que reprendront au XXème siècle, après Irvin FISCHER, les monétaristes de l’Ecole autrichienne et de Chicago(3). Pour ces derniers, les émissions monétaires inconsidérées des Etats sont la source d’une inflation galopante – on pense à l’épisode d’hyper inflation des années 1920 en Allemagne – génératrice d’appauvrissement, de désordres sociaux et politiques majeurs.
 
La pandémie mondiale de la Covid-19, la réponse budgétaire et monétaire massive des états et des banques centrales, la concentration de la consommation finale – au pouvoir et au loisir d’achat préservés – sur les biens manufacturés, ont provoqué une forte accélération de la demande, alors même que les chaînes de valeur et logistiques étaient fortement perturbées. Ainsi, le rebond massif de la croissance mondiale à partir de l’automne 2020, puis en 2021, a-t-il provoqué des hausses de prix et des ruptures d’approvisionnement qui ont concerné, après les biens médicaux, les micro-processeurs, puis, de proche en proche, d’autres approvisionnements et les prix des matières premières et de l’énergie.
 
Mais revenons à la définition de l’inflation et à ses facteurs constitutifs. Pour les économistes Keneysiens, les prix sont rigides à court terme. Une injection de monnaie (par la dépense publique) se traduit alors par une baisse du chômage, grâce à l’accélération de l’activité économique. Une politique budgétaire active peut ainsi relancer l’activité, l’emploi, et l’investissement. Née des crises des années 30, cette vision théorique s’attache plus au fléau de la déflation, considérant qu’une croissance de l’emploi peut tolérer une progression modérée des prix.

La Courbe de Philipps traduit cette relation inverse entre emploi et inflation. Il en résulterait qu’une baisse du chômage serait génératrice de hausse des prix du fait de l’accélération de la demande, tandis que le sous-emploi serait nécessairement déflationniste. Disons-le tout de suite, la courbe de Philipps, par son caractère très empirique, permet surtout de visualiser les écarts et « anomalies » dans cette relation : ainsi les années 70-80 des premiers chocs pétroliers ont été caractérisées par une longue stagflation (hausse simultanée des prix et du chômage). De même, les années 2000 ont été marquées – aux Etats-Unis notamment – par le retour à des taux de chômage extrêmement bas, sans que se manifestent des pressions inflationnistes. On a pu alors parler de japonisation des économies.
 
La situation actuelle interroge à nouveau cette relation. En effet, d’une part, la puissance du rebond de la demande globale combinée aux contraintes sur la production et les chaînes logistiques, ont provoqué une hausse des prix ; d’autre part les tensions sur le marché du travail, initialement cantonnées à certains secteurs d’activité particuliers tels que l’hôtellerie et la restauration, se propagent dans l’économie. La crise de la Covid a fermé les frontières de nombreux pays et limité les flux migratoires. Les mouvements de relocalisation d’activités, voire de substitutions aux importations, déplacent les bassins de main d’œuvre. Le taux d’emploi des personnes a fortement baissé dans certains secteurs, accentué par le vieillissement de la population, comme les nouvelles aspirations et contraintes d’une partie des travailleurs. Les inadéquations entre postes recherchés et formations disponibles semblent s’être accrues. Changer d’emploi pour un meilleur salaire est de nouveau possible. Obtenir une augmentation pour rester en poste l’est également ! Reste une inconnue à cette équation : l’évolution de la productivité propre à absorber ces progressions.

Parallèlement, la hausse des prix de l’énergie et des matières premières ces derniers mois s’est transformée en choc de prix majeur, du fait de l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février dernier. Le poids de ces deux pays dans la fourniture d’énergies fossiles, mais également de métaux dits critiques, comme de matières premières agricoles ont « affolé » les marchés, faisant même planer la menace de pénuries d’approvisionnement. Ce choc intervient au moment où les exigences de la transition énergétique vers la décarbonation de nos économies, favorisent le déploiement de ressources alternatives, encore assez onéreuses.
 
Résumons donc : d’un côté, nous subissons des chocs de prix générés par les facteurs cumulatifs de la guerre commerciale sino-américaine, de la crise de la Covid-19 et des tensions géostratégiques majeures ; de l’autre, la reprise économique amplifiée par l’afflux monétaire et budgétaire, provoque des tensions majeures sur la production et l’emploi. Au point d’enclencher la trop fameuse, pour ne pas dire redoutée, spirale prix/salaires ? Celle-là même qui nous ramènerait à la stagflation des années 80. Elle contraindrait alors les autorités monétaires à un resserrement si brutal qu’il compromettrait cette fois-ci l’équilibre des Etats les plus endettés. Et de fait, les marchés ont déjà commencé à prendre en compte ce scenario, provoquant une baisse marquée des marchés obligataires de référence – c’est-à-dire une hausse des taux de la dette publique - en Europe comme aux Etats-Unis.

Au-delà du choc actuel, il semble que les pressions sur les prix de l’énergie et des matières premières minérales et alimentaires soient durables au regard des transformations de la demande mondiale dans ces domaines. L’ampleur et la durée du choc actuel pourraient conduire à une contraction, sinon une récession économique, sans pour autant déprimer tous les prix, du fait de ces déséquilibres.
 
Les prix de gros de l’énergie ne sont pas en reste et ont subi une inflation brutale et inédite depuis septembre 2021 qui a conduit le gouvernement à prendre des mesures d'urgence pour protéger les consommateurs. Le bouclier tarifaire et le supplément d’ARENH attribué aux fournisseurs alternatifs décidés par le gouvernement sont mis en œuvre par la CRE.
 
Les hausses récentes des prix nous ramènent aux chocs des années 70 et 90, provoqués par des conflits impliquant des producteurs majeurs de matières premières et de pétrole, et nous mettant une nouvelle fois face à nos propres dépendances. La guerre en Ukraine sert de brutal révélateur et nous incite à limiter très rapidement notre dépendance énergétique envers la Russie tout en accélérant la transition énergétique.

 (1) Auteur de « Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations » 1776
 (2) Son ouvrage « Essai sur la nature du commerce en général » 1755
 (3) Dont les principaux tenants sont aux Etats-Unis, Milton Friedman et à Vienne Friedrich Hayek

Valérie Plagnol, membre du collège de la CRE

Volumes d'ARENH supplémentaires pour limiter la hausse des prix de l'électricité

Face à la montée des prix de l'électricité, le gouvernement a annoncé un certain nombre de mesures dont le relèvement du volume d’ARENH de 20 TWh supplémentaires.

Atelier de travail sur la mobilité électrique et le système électrique

Le développement de la mobilité électrique soulève d’importantes questions pour le système électrique, pour la transition écologique et pour l’intérêt des consommateurs.  L’augmentation de la consommation d’électricité pour la recharge n’est pas sans conséquences pour le système électrique. En l’absence de pilotage ou de flexibilité, elle peut induire de coûteux renforcements des réseaux ou nécessiter la conservation de moyens de production d’électricité carbonés.
 
La CRE se saisit donc de ces enjeux, avec l’objectif de publier un nouveau rapport assorti de recommandations. Elle a organisé le 16 février 2022 un atelier réunissant 94 participants représentant divers acteurs du système énergétique. [Lire la suite]

Eleclink, l'interconnexion dans le tunnel sous la Manche bientôt opérationnelle

La troisième interconnexion électrique entre la France et la Grande-Bretagne est sur le point d’entrer en service commercial.
Empruntant le Tunnel sous la Manche, cette interconnexion a dû relever des défis techniques complexes concernant la compatibilité de l'interconnexion avec le système ferroviaire. Après cinq années de travaux, Eleclink a obtenu le 17 février dernier son autorisation d’exploitation et pourra offrir 1 GW de capacité de transport d’électricité supplémentaire aux acteurs de marché pour répondre à leurs besoins à court et à long terme.
La CRE a accompagné le processus de réalisation dès ses prémices, lui accordant une dérogation partielle à l’application des règles d’accès aux réseaux dès 2014 pour une durée de 25 ans. Cependant, le Brexit est venu modifier le contexte juridique et technique du projet, sans toutefois remettre en question sa pertinence économique. En renforçant les liens avec le marché britannique, Eleclink va contribuer à la sécurité d’approvisionnement et au développement de la concurrence en France et en Grande-Bretagne.

Développement des contrats de type PPA

Les contrats d’achat PPA « Power Purchase Agreements » se développent en France depuis 2019, mais à un rythme qui apparait faible par rapport à d’autres pays européens. Or, leur développement répond à plusieurs enjeux majeurs : en premier lieu, les PPA sont à même de contribuer au développement de nouvelles capacités d’énergies renouvelables, en parallèle des projets soutenus par l’Etat, sans exposition supplémentaire du budget de l’État au risque de marché. Ils permettent également d’améliorer l’insertion des énergies renouvelables dans le système électrique et de répondre à la forte demande des consommateurs d’un approvisionnement comportant une part croissante d’énergie renouvelable.
 
Fort de ce constat, la CRE a commandé à l’agence E-CUBE une étude sur le développement de ce type de contrat. [Lire la suite]

Participation de Dominique Jamme au débat organisée par Enerpresse sur les prix de l'énergie

Dominique Jamme, directeur général de la Commission de régulation de l’énergie, participait le 15 février dernier au débat organisé par Enerpresse sur le thème : Consommateurs, fournisseurs, industriels : quels impacts de la flambée des prix de l’énergie en Europe ? [Lire la suite]

Participation du président de la CRE à une conférence organisée par la PFUE

La Présidence française du conseil de l’Union européenne (PFUE) organisait le 9 mars à Bercy une conférence sur le thème : « Renforcer l’autonomie énergétique européenne et réussir la transition écologique ». Dans le contexte de crise sans précédent que nous observons depuis plusieurs mois, aggravée par la guerre déclenchée par la Russie, ce temps fort a été l’occasion pour la CRE de rappeler sa position dans une Europe de l’énergie soumise à rude épreuve.
 
Jean-François Carenco, Président de la CRE, participait à la table ronde intitulée « Sortir de la dépendance énergétique et répondre à la demande : quelles réponses dans un contexte de hausse des prix de l’énergie et de tensions géopolitiques ? » [Lire la suite]
Questions à Hervé GOUYET, Président d'Electriciens Sans Frontières
[...] Depuis le 24 février, nous sommes particulièrement mobilisés pour nous préparer à apporter un peu de lumière et d’électricité aux millions de réfugiés ukrainiens qui fuient les bombardements.
Le 8 mars 2022 : un premier envoi de matériels en coordination avec le centre de crise et de soutien du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères (CDCS) a eu lieu à destination de la Slovaquie pour répondre aux besoins des personnes déplacées, notamment pour la recharge de moyens de communication, les besoins quotidiens et essentiels d’accès à l’eau et à l’électricité, pour s’alimenter et se chauffer. Un deuxième envoi en coordination avec le CDCS et Enedis auprès du gouvernement moldave pour la mise à disposition et l’installation de groupes électrogènes de fortes puissances est en cours. Une équipe de volontaires doit partir à la frontière polonaise pour intervenir dans les premiers camps de réfugiés mis en place.
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Accord de coopération entre le régulateur Ivoirien et la CRE

La CRE et l’ANARE-CI sont deux régulateurs membres de RegulaE.Fr. Réunis régulièrement au sein de ce réseau de régulateurs francophones, la France et la Cote d’Ivoire ont émis le souhait en novembre dernier d’une coopération renforcée entre les membres du réseau mais également pour la coopération Nord/Sud entre régulateurs. C’est chose faite avec la signature d’un accord de coopération. [Lire la suite]

Accord de coopération avec l'Agence Danoise de l'Energie

La CRE a conclu lundi 14 mars un accord de coopération avec l’Agence Danoise de l’Energie visant à échanger sur les conditions de développement et de raccordement au réseau de transport d’électricité de l’éolien offshore en France et au Danemark. [Lire la suite]

Mission de coopération en Albanie

Dans le cadre du partenariat liant la CRE à Expertise France, la CRE a délivré deux formations au régulateur albanais ERE du 15 au 18 mars 2022, l’une sur le thème des ressources humaines, et l’autre sur le marché de détail de l’électricité. [Lire la suite]

L'énergie du droit n°49 : actualités de février 2022

 
Dans un secteur en perpétuelle évolution, s’informer et décrypter l’actualité juridique nécessite beaucoup d’énergie. C’est pourquoi nous vous proposons, chaque mois, de vous donner accès à l’essentiel du droit de l’énergie et de la régulation. L’exercice n’est pas aisé et nous ne pourrons prétendre à l’exhaustivité. Mais nous espérons que vous trouverez cette veille utile ! [Lire la veille n°49]

Rejet d'un référé dirigé contre une délibération de la CRE modifiant les règles relatives à la programmation, au mécanisme d'ajustement et au dispositif de responsable d'équilibre

 
Par une ordonnance du 24 février 2022, le juge des référés du Conseil d’Etat statue sur la requête introduite par la société E-Pango et qui tend à la suspension de l’exécution de la délibération du 20 janvier 2022 de la CRE modifiant les règles relatives à la programmation, au mécanisme d’ajustement et au dispositif de responsable d’équilibre (dites « règles MA-RE »). [Lire la suite]

Visite de l'Enedis Lab

Le 18 février dernier, une délégation de la CRE a été reçue au sein de l’Enedis Lab, à Nanterre. Ouvert en 2015 pour réaliser les tests sur les compteurs évolués de type Linky, ce centre travaille désormais sur toutes les problématiques liées au pilotage et à l’exploitation du réseau de distribution de demain : intégration des énergies renouvelables décentralisées, développement de la mobilité électrique, etc.
Cette visite s’inscrit dans le cadre de la « démarche innovation » de la CRE. Pour exercer au mieux ses activités de régulation dans un secteur en pleine mutation, les équipes de la CRE se rendent régulièrement sur le terrain afin de découvrir les dernières innovations déployées par les acteurs de l’énergie et appréhender au mieux les transformations du secteur.
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"Energie : l'heure de la mobilisation générale pour éviter le black-out"
Les Echos : 28 mars 2022
Face aux risques d'approvisionnement en énergie cet hiver, le président du régulateur de l'énergie, Jean-François Carenco, appelle à prendre les devants et à économiser dès à présent le gaz comme l'électricité. « Il y a urgence et chacun doit s'y mettre », insiste le président de la CRE.
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"La numérisation du processus de remboursement des taxes"
Acteurs Publics
À l’occasion de la journée Acteurs publics Solutions du 16 mars, Antoine Chaléat, chef du service “Transformation et projet” à la Commission de régulation de l’énergie (CRE) ; Jean-Michel Doucet, directeur de programme CSPE à l’Agence de services et de paiement ; et Éric Jamet, directeur marketing chez Tessi, échangent autour de la contribution au service public de l’électricité (CSPE). Comment se la faire rembourser ? Une procédure d’indemnisation en ligne, évoquée par les invités en plateau, a été mise en place.
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4 avril 2022 : Intervention de Dominique Jamme à la conférence organisée par le NER (Network of Economic Regulators, Réseau des régulateurs économiques de l'OCDE, Organisation de coopération et de développement économiques) sur la question du rôle des régulateurs dans les évolutions sectorielles de la régulation
5, 6 et 7 avril 2022 : Organisation d’un évènement CRE dans le cadre de la PFUE avec :
  • 5 avril 2022 : Assemblée générale du CEER
  • 6 avril 2022 : Réunion des membres de l’ACER
  • 7 avril 2022 : Conseil d’administration de l’ACER
13 et 14 avril 2022 : Intervention de Didier Laffaille à la table ronde "Electrification des usages, nos réseaux sont-ils prêts « lors du salon du Mix énergétique à Lyon
Plusieurs postes disponibles à la CRE
La CRE recrute actuellement :
- Chef du département "réseaux et infrastructures"
- Chargé(e) de mission "énergies renouvelables" / ingénieur données
- Chargé(e) de mission "Conseil interne"
- Chargé(e) de mission « Smart Grids »
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